Des ponts aménagés pour faciliter la remontée des poissons

Le Département d’Ille-et-Vilaine œuvre pour la préservation des milieux aquatiques, en étroite collaboration avec les syndicats de bassins versants. Dans cette mission, assurer la continuité écologique des cours d’eau   est une priorité. Il s'agit aussi d'une obligation, définie par la directive européenne cadre sur l’eau de 2000, adaptée en France par la Loi sur l’Eau et les milieux aquatiques en 2006. Dans ce cadre, les ouvrages existants peuvent se voir prescrire des adaptations techniques pour garantir la libre circulation des poissons. 

Cela passe d'abord par un diagnostic pointu de l’ensemble des ponts du territoire – au nombre total de 7000. Une vérification technique minutieuse réalisée par Eric Rolland, du service génie civil, en lien avec Sébastien Cheruy de la direction de l’environnement. 

« Sur les 500 ponts répertoriés passés en revue à ce jour depuis octobre 2022, environ 120 ouvrages vont nécessiter une intervention plus ou moins importante du Département pour garantir la continuité écologique du cours d’eau au passage de la Route Départementale. Ces travaux devraient s’étaler sur une dizaine d’années environ en tenant compte de la préparation administrative, des dossiers réglementaires et des dossiers techniques », explique Eric Rolland. 

Le pont du Biez Jean aménagé pour les anguilles

En octobre 2023, des travaux d’ampleur ont été confiés au service travaux du Département sur un pont routier départemental enjambant le Biez Jean, un cours d’eau rejoignant la Manche dans la baie du Mont St Michel. L’ouvrage d’art se trouve sur la commune de Roz-Landrieux, à l’ouest de Dol-de-Bretagne. Sur cet ouvrage hydraulique, un seuil d’un mètre de hauteur, empêchait la remontée de la rivière par les anguilles, restant bloquées au pied de cette marche en pierre (voir photo 1).
 

Les travaux ont consisté à relever le lit du cours d’eau en pente douce jusqu’à la sortie du radier du pont et à effacer la chute d’eau qui empêchait les poissons de circuler vers l’amont. Près de 680 tonnes de matériaux ont été ramenées de la carrière la plus proche située à Saint-Broladre. « Pour notre collectivité, c’est le premier chantier de cette ampleur réalisé sur un cours d’eau spécifiquement pour régler une problématique de montaison des poissons. La technique utilisée consiste à positionner un enrochement contre le seuil sur environ 45 mètres de long avec une pente maxi de 2 à 3% », précise Eric Rolland.

Des échancrures ont été créées entre chaque bassine, ce qui permet aux poissons de se reposer avant de continuer leur parcours (voir photo 2). Le montant total pour cette opération s’élève à 38 000 euros y compris les frais d’étude du Dossier loi sur l’Eau imposé par les Services de l’Etat (12 000 euros).

Liffré : le ruisseau retrouve son lit d’origine

Un autre chantier a été réalisé en novembre 2023 sur un affluent de la Grimaudais dans le secteur de la forêt de Liffré, pour un montant global de 60 000 euros. Le ruisseau n’était pas dans son talweg d’origine. Des recherches géographiques et géologiques, notamment sur des vieilles cartes napoléoniennes, ont permis d’identifier l’emplacement de son lit initial. « Des travaux ont été réalisés pour déplacer le pont d’une centaine de mètres et permettre ainsi au ruisseau de retrouver son lit d’origine », indique Eric Rolland. 

Cet aménagement facilite une bonne circulation des sédiments dans le ruisseau, condition nécessaire pour garantir un bon état écologique du cours d’eau. Le nouvel ouvrage dispose aussi d’un passage latéral pour la petite faune terrestre.